|
Attestation de Germaine Tillion : réseau "Vérité Française" de Soissons
|
SOISSONS
|
Guerre 39-45 |
Une attestation de Germaine Tillion au sujet du réseau "Vérité Française" de Soissons.
" Je soussignée, Germaine Tillion, chef du réseau Musée de l''Homme Hauet-Vildé atteste sur l'honneur les faits suivants:
Daniel Douay a recruté personnellement dès août 1940 le groupe de Soissons, qui fut extrêmement dynamique et qui eu un sort particulièrement tragique.
Avec Eugène Delhaye , Maurice Moraux, le capitaine Louys ,il a constitué des stocks d'armes très importants que les Allemands ne trouvèrent jamais et dont la plupart servirent , en 1944, à la libération du pays.
En 1941,le groupe de Daniel Douay fut rattaché, par l'intermédiaire de Jehan de Launoy et du commandant Coqueugniot, au groupe Vérité Française de Paris ,dont le chef était le colonel de La Rochère ,groupe connu actuellement sous le nom de Réseau Musée de l'Homme Hauet -Vildé.
Avec l'aide de Jean Vogel,Aimé Dufour,Gilbert Jordana, Pluche,Leseigneur,Meurgue ,qui eux mêmes avaient chacun un groupe d'hommes sous ses ordres, de même que Delhaye , Moraux, le capitaine Louys,le capitaine Descamps,Douay organisa des évasions de prisonniers,l'établissement de faux papiers,le ravitaillement des évadés,le passage en Angleterre de volontaires.
En même temps,il s'occupa avec ses camarades de réunir et de transmettre au colonel de La Rochère par l'intermédiaire de Launoy et du Cdt Coqueugniot ,des renseignements militaires très importants . Il procéda également à la diffusion de tracts,de journaux clandestins (journal Vérité Française) d'affichage nocturne de papillons rédigés par le capitaine Louys .
Camionneur, il conduisait lui-même, dans son camion,les évadés, cachés sous des sacs de pommes de terre,on les faisait passer ainsi en zone libre et on les acheminait vers l'Angleterre. Il procédait de la même façon pour les armes récupérées dont il constitua des stocks avec l'aide de son groupe ,stocks qui furent répartis chez des particuliers ,ou cachées dans des carrières ,ou la fonderie Zickel où Delhaye était contre-maître ,ou encore dans les tombes du cimetière . Ces stocks étaient importants: 11700 fusils,des fusils mitrailleurs,des grenades,des munitions, un canon et un tank.
Trahi par le jeune J. D.. qui s'était introduit dans le groupe, Daniel Douay fut arrêté le 25 novembre 1941 .
Il fut fusillé le 27 octobre 1942, avec Vogel et la capitaine Louys.
De ses autres camarades , trois furent décapités en Allemagne : Descamps, Meurgue et Moreaux; les autres sont morts en déportation :Dufour,Jordana,Pluche.
Les Allemands qui s'étaient aperçus que chacun des accusés avait un groupe armé sous ses ordres,furent d'avis qu'en retardant quelque temps l'arrestation des chefs ils auraient pu arrêter ,dans la ville deux cents personnes dont aucune ne fut inquiétée ,grâce au silence de leurs chefs. "
Photo:
Attestation ( cachet de la Mairie de Saint Mandé du 28 janvier 1953) fournie par Germaine Tillion à la famille Douay . |
|
|